Contexte
La Réserve Naturelle Régionale des Marais et Sablières du Massif de Saint-Thierry se situe à l’ouest du département de la Marne (51), au sein de la région naturelle du Tardenois, en limite ouest de la Champagne crayeuse.
L’ensemble du site est localisé au nord-ouest de Reims et est éclaté en 3 secteurs écologiques répartis sur 4 communes de la communauté urbaine du Grand Reims :
Le massif de la sablière à Châlons-sur-Vesle, Chenay et Merfy
Le marais du vivier à Chenay
Le grand marais de Cormicy
Un dénominateur commun
Quel peut-être le dénominateur commun entre ces 3 sites ? Tout se passe au niveau du sol !
Il est plus facile de s'en rendre compte à la sablière, mais en réalité ces trois sites naturels tirent leur origine d'un affleurement sableux datant du Tertiaire et plus particulièrement du Thanétien. A l’échelle de l’ancienne région Champagne-Ardenne et plus largement à l’échelle du bassin parisien où les terrains calcaires dominent, ces affleurements et épandages sableux sont très rares et ne peuvent être retrouvés qu'à la base de la Côte d'Ile de France au nord-ouest de Reims, là où la Réserve Naturelle prend place.
Ce sont les différentes incursions de la mer au niveau du bassin parisien entre - 65 et - 55 millions d'années qui sont venues déposer ces importantes couches de sédiments et même plus encore... Puisque la Sablière bénéficie aussi d'un grand intérêt paléontologique de par la présence d'un niveau de grès ferrugineux, considéré comme un paléosol littoral et dans lequel on trouve des traces circulaires attribuées à des troncs de palmiers. La Sablière abrite également de nombreux sables fossilifères comme en témoigne la présence de macrofossiles (turritelles, lamellibranches...) tous indicateurs du passé marin du site.
Outre leur intérêt géologique, mais aussi paléontologique, ces horizons sableux jouent un rôle important dans la présence de zones humides remarquables comme le marais de Cormicy et celui de Chenay. En effet, ces marais se développent en fond de vallée ou sur des pentes formées dans les sables du Thanétien où existe à leur base un niveau géologique imperméable qui empêche l'eau de s'imiscer plus profondément dans le sous-sol (marne grise). L'eau vient donc s'y accumuler, en complément les horizons sableux sont capables de la stocker et de la restituer au fur et à mesure. Ils jouent ainsi le rôle de "château d'eau" en alimentant les marais presque toute l'année.
Pour en savoir + sur la géologie de la Réserve Naturelle et plus particulièrement de la Sablière, consultez le bulletin trimestriel n°73 (sept-nov 2012) de l'association Entre deux Terroirs en cliquant ici ou via la rubrique "Téléchargements". Vous y retrouverez aussi de nombreux éléments sur l'histoire de ce lieu emblématique du pays rémois.
Pourquoi une Réserve Naturelle ?
Pour préserver le patrimoine naturel local, un certain nombre d'actions et même de travaux peuvent être nécéssaires. De plus, en raison de leur situation péri-urbaine les menaces et pressions sont fortes et de nombreuses activités ou pratiques ont des impacts négatifs sur ces sites naturels. On pourra citer notamment :
- La fréquentation par les véhicules motorisés (quads, moto-cross, voitures) : ils érodent les sols, dégradent la végétation et sont un réel dérangement pour la faune. Sans oublier que ces véhicules mettent aussi en danger les autres utilisateurs.
- Le piétinement et les dégradations causées par les VTTistes : sur ces secteurs sableux très fragiles, le piétinement et les VTT peuvent accélérer l'érosion des sols. En effet, dans certains secteurs l'activité et ainsi l'érosion est telle que la végétation ne peut pas s'y installer durablement. La pratique du hors sentier amplifie encore ce phénomène et vient aussi créer un dérangement pour la faune locale.
- Les déchets (dépôts de déchets sauvages ou restes de piquenique) : les déchets sont malheureusement très nombreux sur la Réserve Naturelle, ils dégradent notre milieu de vie et sont peu, voire pas biodégradables.
- Les dépôts de terre, de matériaux inertes et de déchets verts : ces dépôts favorisent l'apport de végétaux exotiques envahissants qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur les populations végétales d'un site naturel.
- Les places de feux (barbecues sauvages) : le feu détruit la végétation sur place et modifie durablement les propriétés du sol. C'est donc un dommage irréversible pour le site.
- Les prélèvements de sables et de fossiles : tout comme le piétinement, ces prélèvements accelèrent l'érosion naturelle et modifient définitivement l'aspect du site, c'est le cas notamment à la Sablière. De mémoire d'homme, le front de sable a largement régressé en quelques dizaines d'années, comme peuvent en attester les pins sylvestre à son sommet dont les racines apparaissent largement et commencent à se déchausser. Les impacts sont aussi forts pour ce patrimoine géologique et paléontologique vieux de plusieurs dizaines de milliers d'années. Il en va par exemple de même pour les blocs de grès ferrugineux, dont certains se sont déjà décrochés, heureusement sans qu'aucun blessé ne soit à déplorer.
Toutes ces activités sont ainsi à l’origine de la dégradation des paysages, des habitats naturels et provoquent même la disparition des espèces patrimoniales. Ces activités peuvent également impacter la faune locale, que ce soit directement par la destruction de leur habitat naturel, ou indirectement par le dérangement, notamment en période de reproduction.
Le classement en Réserve Naturelle doit donc permettre de répondre à ces problématiques en protégeant et en gérant ces sites naturels de façon pérenne.
Pour nous aider à protéger ce site pour les générations futures, adoptez les bons reflexes et respectez la réglementation de la Réserve Naturelle.
